No man’s land

À Calais, près de 65 kilomètres de clôtures barbelés dentellent la ville. Depuis les Accords du Touquet signés en 2003, on assiste à une externalisation de la frontière britannique sur le sol français. L’Angleterre a versé plus de 170 millions d’euros à la France pour la sécurisation de sa frontière face à l’afflux de migrants dans le Pas-de Calais.

La ville, avec le soutien de l’État, a mis en place une politique de répression envers les centaines d’exilés toujours présents à Calais. En 2020, 3 000 mètres carrés d’espaces verts et de forêts ont été évacués, rasés puis clôturés pour éviter la formation de nouveaux camps. Mais surtout, près de 26 000 panneaux de clôtures, parfois électrifiés ont fleuri partout dans la ville. Ces dispositifs anti-migrants touchent aussi les Calaisiens qui sont privés de certains espaces et subissent eux aussi ces clôtures au quotidien.

Ces murs, clôtures, barbelés, caméras de vidéosurveillance et matériaux de détection infrarouge rendent les 30 kilomètres entre Calais et Douvres quasiment infranchissables en véhicules. De ce fait, les exilés prennent de plus en plus de risques pour traverser le détroit notamment en petits bateaux. Selon la préfecture maritime, en 2021, entre le 1er janvier et le 31 juillet, 12 000 personnes ont tenté de traverser la Manche en bateaux, contre environ 2 300 en 2019. En 20 ans, plus de 346 exilés sont morts en tentant de rejoindre l’Angleterre…

Travail réalisé depuis mars 2020.

© Paloma Laudet paloma.laudet@gmail.com
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